Julia's secret

Publié le 14 juillet 2024 à 20:13

Natalie Goldberg est une copine de Julia Cameron. Peut-être est-ce pour cette raison qu’elle m’inspire autant. J’adore sa manière de tout exprimer en métaphores tapageuses, de faire vibrer la vie dans les mots qu’elle choisit peints de couleurs vives pour faire éclater les yeux ! J’aime ses mots dans son livre Pourquoi écrire va vous rendre heureux (ed. Pocket) même si je préfère (et de loin !) la version anglaise, bien plus poétique et imagée… Elle écrit : « Notre tâche est de devenir des écrivains qui acceptent les choses telles qu’elles sont, qui en viennent à en aimer les détails, et qui s’avancent, un oui sur les lèvres, pour qu’il ne puisse plus y avoir de non dans le monde, plus de ces non qui annulent la vie et qui interrompent le flux des détails ». Natalie est juive, elle a vécu l’holocauste par l’histoire familiale, et ce non qu’elle dénonce, elle l’a compris dans sa chair.

Et je ne peux qu’abonder dans son sens. Moi qui suis actuellement une formation pour animer des constellations familiales. Une pratique qui consiste, une fois le travail de guérison réalisé, à dire « oui ». Oui à la vie telle qu’elle se présente à nous, dans ses détails, ses malheurs, ses bénédictions petites et grandes. Oui à toute expérience, estampillée comme bonne ou mauvaise. Parce que ce qui est, c’est encore la vie. Même quand on est à terre, giflé par une expérience qui terrasse, même quand on pourrait crier de bonheur sur un événement qui nous porte, même quand il ne se passe rien et que contempler le minuscule est aussi important que d’accueillir un être aimé qu’on n’a pas vu depuis des lustres.

 

Le oui est une acceptation inconditionnelle de ce qui est, quelles que soient les circonstances qui entourent ce qui arrive. L’écrivain aurait alors cette mission de reconnaître le vivant, sans le juger, et de le décrire fidèlement pour que le lecteur puisse en tirer par lui-même la substantifique moëlle. C’est ainsi que je le conçois. Et je déplore le temps que je ne passe plus à m’asseoir dans les cafés pour simplement décrire dans un cahier la vie qui passe et qui respire, les choses insignifiantes qui se déroulent devant les yeux émerveillés et qui valent la peine d’être racontées. Une main ridée qui attrape un poignet : « Ne t’en vas pas, pas maintenant ». Ou encore un regard qui se mouille, parce que le chien s’est couché aux pieds du maître mourant. Tout ce qui vit mérite le oui, et ne pas compter, ne pas juger si on hésite à oser le non. C’est le oui qui devrait guider la plume, toujours. Sous peine de rendre cette dernière malhonnête…


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